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Maybe I should stick to Reading
13 décembre 2016

ARTIE & LEO - CHAPITRE 3

Le vaisseau de métal était petit en comparaison du navire anglais, mais tous les regards convergeaient vers lui, empreints d'une sorte de respect. Leonard avait du mal à détacher ses yeux de sa coque scintillante, maintenant qu'il était si proche d'eux. C'était un bâtiment étrange. Sa forme rappelait à Leonard celle d'une balle de pistolet en plomb. Il n'y avait pas de pont, comme s'il était destiné à être entièrement submergé.

La surface brillante et légèrement cuivrée ne semblait pas affectée par la rouille ; elle était si lisse qu'on aurait pu l'avoir fondue en une seule pièce. Ses flancs étaient percés d'ouvertures à intervalles réguliers.

Ces dernières ponctuaient la longueur du navire jusqu'à sa pointe, sur laquelle se dessinait une plus grande fenêtre. Le verre utilisé était presque opaque et rouge comme celui d'un vitrail d'église. Leonard constata que si la grande ouverture de la pointe était la seule façon d'avoir une vue large de l'horizon depuis l'intérieur, ce vaisseau ne devait pas être très pratique. On ne pouvait voir que dans une direction, ce qui voulait dire qu'il était impossible de vérifier à tout moment s'il y avait terre, navire ennemi, ou tempête au large.

Morgan était entouré de cinq soldats, ses éclaireurs, qui venaient de remonter à bord. Ils semblaient gelés, leurs vêtements étaient humides, mais ils étaient absolument radieux. Leonard se demandait comment ils avaient bien pu monter dans le mystérieux navire : il n'avait vu aucune entrée.

–  Alors, demanda Leonard avec curiosité. Vous êtes donc montés à bord ?

– Cela ne te regarde pas, répondit le capitaine sèchement. A défaut de subordination militaire, n'apprend-on donc pas la politesse aux jeunes mires ?

Les soldats, eux, semblaient impatients de pouvoir raconter leur expérience. Ils parlaient à voix basse avec animation. Leonard se résolut à tenir sa langue, bien qu'il commençât sincèrement à s'inquiéter de la raison pour laquelle il avait été convoqué.

–  Une troupe va être renvoyée à son bord. Dix hommes en tout, cette fois. Tu en feras partie, énonça finalement Morgan. 

–  A bord... de..., commença Leonard en ouvrant des yeux ronds. Mais pourquoi ?

–  Rappelle-toi. Politesse.

–  Avec tout votre respect, Capitaine, c'est impossible. Les marins à l'infirmerie...

  • – Y a-t-il eu un mort ?

– Non, Capitaine, mais c'est grâce à mon travail.

Bien, bien... C'est une bonne chose : cela prouve ta compétence. Maintenant, embarque avec ces hommes.

Je ne peux pas, j'ai promis de revenir, il pourrait y avoir un mort en mon abs-

–  Et bien, coupa Morgan en faisant un pas vers Leonard qui se força à ne pas reculer. Il y aura un mort. 

L'expression de Morgan était dure et sévère, ce n'était pas un homme qui avait pour habitude d'être contredit. La main posée sur la poignée du sabre à sa ceinture, il laissait peu d'ambiguïté quant à ce qu'il voulait vraiment dire par « il y aura un mort ».

 

*

 

L'entrée se situait à l'arrière, dans de culot de la balle de pistolet que Leonard s'était imaginée. Le vaisseau était ouvert sur une hauteur d'un homme au-dessus de l'eau, et au moins autant au-dessous. On pouvait donc y faire entrer une barque de la même façon que l'on entrerait une grotte immergée. L'intérieur était sombre, et Leonard entendit le nez de leur embarcation heurter la plate-forme avant de la voir.

Les soldats frémissants d'excitation sautèrent sur le sol métallique, l'un deux tirant le jeune médecin par le bras un peu plus fermement que nécessaire. Ils faisaient face à une porte. Les éclaireurs, forts de leur visite précédente, semblaient parfaitement savoir quoi faire. Deux d'entre eux glissèrent leurs mains dans la fente à gauche de la porte et tirèrent de toute leur force vers la droite. Le battant cuivré coulissa en grinçant et fut presque entièrement avalé par le mur. L'un des deux soldats ordonna, entre deux grognements :

–  La porte se referme toute seule, je pense qu'il y a comme un ressort. Passez vite. 

La petite troupe s'exécuta, et enfin ils étaient à l'intérieur.

– Ce n'est qu'une seule pièce, reprit le même soldat après avoir relâché la porte avec un soupir de soulagement. Nous n'avons pas pu accéder aux autres, toutes les portes sont verrouillées. Dans l'idéal, il faudrait que nous puissions atteindre la cale ou la timonerie. 

Leonard écoutait à peine. La pièce était presque vide, mais le peu qu'elle contenait était déjà à ses yeux absolument extraordinaire. Toute la structure était métallique, les murs, les poutres, le sol, le plafond. La salle était en forme de D. Le mur devant Leonard, formant un arc de cercle, comportait quatre portes comme celle qu'ils venaient de franchir. Les lieux étaient éclairés par des espèces de petites orbes luminescentes dispersées à intervalles réguliers sur le plafond. Leonard avait du mal à détacher ses yeux de ces lucioles de verre.

Dans le coin le plus à gauche de la pièce étaient empilées des boîtes de fer, jusqu'au plafond. Elle étaient suffisamment grandes pour y faire entrer un homme accroupi, et étaient parcourues de symboles gravés incompréhensibles. Les soldats n'avait pas réussi à les ouvrir ni même à les bouger. Quand Leonard s'en approcha, le chef de l'expédition l'arrêta brusquement en posant sa main sur son épaule.

Woolstone. Ecoute-moi.

Il était bien moins révérencieux qu'il ne l'avait été à bord de leur navire. L'air presque inquiet, il ne cessait de passer la main dans sa barbe, en prenant soin de ne pas croiser le regard de Leonard. Ce dernier, quoique mal à l'aise, était désireux de connaître la raison de sa présence sur le mystérieux bâtiment de métal.

Il faut que nous puissions voir ce que ce navire a à offrir. Hélas, il semble impossible de comprendre ou de forcer ses mécanismes. La façon la plus rapide d'obtenir ce que nous voulons serait d'avoir un membre de son équipage à questionner.

Leonard oublia de respirer pendant une seconde en réalisant où le soldat voulait en venir.

– Il y a, derrière ces caisses, un homme inconscient. Le capitaine a ordonné que tu le soignes pour que nous le forc-... pour que nous lui parlions afin d'en apprendre plus. Nous pensions qu'il était mort mais il semble respirer... 

Il termina ses explications en flanquant dans les bras de Leonard ce qu'il reconnut comme étant son sac de cuir, dans lequel avaient apparemment été fourrés ses outils médicaux. Le soldat fit ensuite un pas en arrière, invitant le médecin à découvrir de lui-même son patient.

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  • Si je peux faire rire mes amis avec des histoires de pirates de l'espace, c'est bien. Si je peux mettre terriblement mal à l'aise des inconnus, c'est bien aussi. Sometimes I write in "Shakespear's language"
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